À l'heure où l'on parle tant de «nouvelle évangélisation», ce petit livre d'Enzo Bianchi vient rappeler quelques vérités. Et d'abord qu'il n'y a pas de «nouveauté» (même si le mot est à la mode aujourd'hui...), car l'Église n'a jamais cessé de proclamer l'Évangile, sans quoi elle n'aurait plus de raison d'être et ne serait plus l'Église du Christ!
Ensuite, que le terme «évangélisation» est déjà prégnant de la nouveauté de la «bonne nouvelle»; si bien que parler de «nouvelle évangélisation», c'est user d'un pléonasme.
Enfin, que l'évangélisation est d'abord et avant tout action du Christ dans la puissance de l'Esprit. En d'autres termes, le premier sujet de l'évangélisation, c'est le Seigneur lui-méme ; elle est une activité qui dépend de sa présence dans l'Eglise, jusqu'à la fin des temps.
Ce qui est demandé au chrétien, ce n'est donc pas tant de convertir, mais de témoigner, dans la charité, l'espérance qui habite en lui par la grâce de la foi. Notre mission consiste à transmettre le don reçu sans le monnayer, sans le mesurer à l'aune du succès obtenu. Gardiens du précieux don de l'Évangile, bien conscients qu'il concerne tous les hommes et qu'avec tous nous devons nous en réjouir, nous devons le transmettre non plus seulement par la parole et les symboles, comme ce fut longtemps le cas, mais désormais par le témoignage de notre vie et ensuite, seulement, par la parole. Cette évangélisation-là est le fait d'une Église capable d'engendrer des martyrs : oui, c'est l'évangélisation du martyre.
Enzo Bianchi,
Comment évangéliser aujourd'hui, Éditions Saint-Augustin, 2000.