Il Blog di Enzo Bianchi

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​Fondatore della comunità di Bose

Un amour qui ait une portée politique

02/04/2012 01:00

ENZO BIANCHI

Riviste 2012,

Un amour qui ait une portée politique

Panorama

Panorama, 02 avril 2012

 

di Enzo Bianchi

Aimer comme Jésus a aimé est aussi un devoir civil pour les chrétiens. Cela exigera d’eux qu’ils sachent témoigner à travers leur vie personnelle, mais plus encore qu’ils rendent «éloquentes» leurs convictions.

« Aimez-vous comme je vous ai aimés » (Jn 13,34) : voilà le « commandement nouveau », le commandement définitif qu’a laissé Jésus a ses disciples. Et dans ce « comme » est inscrite toute l’existence de Jésus, l’exemple qu’il nous a donné pour que nous en suivions les traces : sa vie offerte jusqu’à la fin, pour ses amis et pour tous, dans la liberté et par amour. Toutefois ce commandement, qui pointe la spécificité du christianisme, exige des chrétiens qu’ils aiment non seulement leurs proches, leur famille, mais tous ceux qu’ils rencontrent, et en particulier les derniers, ceux qui souffrent, ou qui se trouvent dans le besoin.

C’est donc aussi à la lumière de ce commandement que les chrétiens sont appelés à penser la forme « politique » de leur présence : l’exemple donné par Jésus pourra alors aussi viser le bien commun de la cité. Il les induira a traduire cet appel à « s’aimer » par l’égalité, la solidarité, la justice sociale… Si l’amour pour les plus faibles ne s’explicitait pas sous une forme politique, il manquerait un élément important au vivre-ensemble des citoyens; et les chrétiens se soustrairaient à une grave responsabilité.

Oui, s’aimer comme Jésus a aimé est aussi un devoir civil pour les chrétiens. Cela exigera certes d’eux qu’ils sachent témoigner à travers leur vie personnelle, mais plus encore qu’ils rendent « éloquentes », compréhensibles à tous, leurs convictions, notamment sur les exigences du respect, de la sauvegarde et de la défense de chaque vie humaine.

 

Ainsi, face à la guerre par exemple (qui continue d’attirer les pouvoirs politiques et les humains en général), les chrétiens doivent savoir dire leur opposition, dans la certitude qu’« il est humainement impossible de penser que la guerre soit, en notre ère atomique, le moyen adéquat pour obtenir justice », selon l’expression de Jean XXIII.

De manière semblable, les chrétiens ont à montrer de manière éloquente leur option en faveur de la vie de chaque peuple. Ils doivent aussi promouvoir et pratiquer le respect de tout homme et de toute femme, dont chaque instant de la vie a un sens.

Il faut donc, aujourd’hui encore, que les croyants s’exercent à la créativité, à la réflexion. Ils devront apprendre à s’exprimer sur ces thèmes cruciaux en des termes humains, compréhensibles également à ceux qui ne peuvent croire. Le style qu’adoptent les chrétiens dans la compagnie des hommes est en effet décisif. Si, dans ce contexte, les croyants doivent renoncer aux langages sentimentaux et faussement spirituels, ils ne pourront pas davantage annoncer un Jésus – qui a raconté Dieu par sa douceur, son humilité et sa miséricorde – à travers un style arrogant, par des paroles hurlées ou en s’inspirant d’attitudes mondaines. Vraiment, comme Jésus s’est comporté, ainsi ont à se comporter aussi ses disciples !