Panorama, 03 mai 2012
di Enzo Bianchi
C’est quand l’Église se montre davantage fidèle à son Seigneur que les forces d’opposition, qui veulent la division, se déchaînent avec le plus de force contre elle.
Au moment de dialoguer avec leurs contemporains non croyants, les catholiques ressentent souvent un malaise : Ils perçoivent combien l’image que leurs interlocuteurs ont de l’Église est mauvaise. Une image nourrie par l’actualité : telle déclaration maladroite d’un responsable, telle affaire touchant la Curie. Comment vivre cet état de fait ?
Les chrétiens peuvent être troublés, mais ils ne doivent pas se tromper : ces jours, qui peuvent être ressentis comme des jours mauvais pour l’Église, sont en réalité des jours d’espoir… Les chrétiens, en effet, n’ont qu’un seul critère pour juger des temps qu’ils vivent : c’est l’abondance ou non de la Parole de Dieu ; elle seule peut faire d’une période vécue un « temps de grâce », alors que son absence marque un mauvais moment.
On lit dans l’Écriture que les jours où « le petit Samuel servait le Seigneur en présence d’Éli » étaient des jours mauvais parce que « la parole du Seigneur était rare en ces jours-là » (1S 3,1). Aujourd’hui en revanche, nous vivons en un temps où la Parole de Dieu résonne avec force et abondance dans l’Église et, à travers cette dernière, dans le monde. Avant tout parce que le concile Vatican II, il y a juste cinquante ans, a voulu la replacer au centre de la vie ecclésiale. Avec labeur et persévérance, les souhaits d’alors sont peu à peu devenus une réalité irréversible, qui a produit des fruits généreux et continue d’en offrir, notamment aussi en matière d’ouverture au monde.
Ne soyons pas surpris si des difficultés et des contradictions surviennent lorsque les chrétiens cherchent le dialogue avec leurs frères et sœurs en humanité : c’est quand l’Église se montre davantage fidèle à son Seigneur que les forces d’opposition, qui veulent la division, se déchaînent avec le plus de force contre elle.
Oui, la Parole du Seigneur est abondante aujourd’hui : peut-être surtout parce que les chrétiens de toute langue et de tout peuple sont devenus, par leur témoignage fidèle, ces « lettres vivantes » adressées par Dieu aux hommes et aux femmes de leur temps : c’est leur manière de penser, de prier et d’agir au quotidien qui fait le récit de l’amour de Dieu dans l’histoire ; c’est à travers leur style « doux et humble de cœur », à l’imitation de leur Seigneur, qu’apparaît clairement le message évangélique de l’amour plus fort que la haine.
Ainsi, même lorsque la mauvaise communication risque d’étouffer la bonne nouvelle, il est important de réaffirmer avec force que la Parole de Dieu poursuit sa course dans le cœur des hommes. « L’Église – affirmait Paul VI – ne se sent pas étrangère au monde, pas même si le monde ressent l’Église comme étrangère » : les chrétiens sont dès lors appelés à ne pas nourrir d’hostilité envers ceux-là même qui se montrent hostiles à leur encontre. Ainsi rendront-ils Dieu concrètement présent dans ce monde.