Panorama, 02 juillet 2013
di Enzo Bianchi
Nous devons nous demander : aujourd’hui, les chrétiens attendent-ils encore, et avec conviction, la venue du Seigneur, cet événement qui sera la rencontre avec le Seigneur dans la gloire?
Commentaire au Credo
« Il reviendra dans la gloire,
pour juger les vivants et les morts ;
et son règne n’aura pas de fin. »
« Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Au cœur de la célébration eucharistique, ces paroles sont comme un éco à l’article du Credo professant la venue glorieuse du Seigneur. Cette venue fait partie intégrante du mystère chrétien, car le jour du Seigneur a été annoncé par tous les prophètes et Jésus a parlé à plusieurs reprises de sa venue dans la gloire, comme Fils de l’Homme, pour mettre fin à ce monde et inaugurer un ciel nouveau et une terre nouvelle.
La création tout entière gémit et souffre, comme en travail d’enfantement, attendant sa transfiguration et la manifestation des enfants de Dieu (voir Rm 8,19-21) : la venue du Seigneur sera l’exaucement de cette supplication, de cette invocation, qui répond à son tour à la promesse du Seigneur (« Je viens bientôt! » : Ap 22,20) et s’unit à la voix de ceux qui, dans l’histoire, ont subi l’injustice et la violence, la non-reconnaissance et l’oppression, et ont vécu pauvres, affligés, pacifiques, sans défense, affamés.
Consciente que l’accomplissement des temps s’est déjà produit en Christ, l’Église prête sa voix à cette attente et répète l’ancienne invocation des chrétiens : « Marana thà! Seigneur, viens! » À la question « qui est le chrétien? », saint Basile a pu répondre ainsi : « Le chrétien est celui qui reste vigilant chaque jour et chaque heure, sachant que le Seigneur vient. »
Mais nous devons nous demander : aujourd’hui, les chrétiens attendent-ils encore, et avec conviction, la venue du Seigneur ? En réalité, on assiste plutôt à une muette conspiration du silence autour de cet événement, que Jésus a placé devant nous comme un jugement avant tout miséricordieux, mais capable aussi de révéler la justice et la vérité de chacun ; cet événement qui sera la rencontre avec le Seigneur dans la gloire, le Royaume achevé finalement pour l’éternité.
Souvent, on a l’impression que les chrétiens lisent le temps comme un « éternel infini », où tant de choses peuvent se produire mais non la venue du Seigneur Jésus Christ! Pourtant la vision chrétienne du temps fait du croyant un « homme qui a une espérance » (voir 1Th 4,13), « qui attend le Christ » (Ph 3,20), qui est défini non seulement par son passé mais aussi par le futur et par ce que le Christ réalisera dans ce futur. Manquer à cette dimension signifie non seulement réduire la portée de la foi, mais aussi priver le monde d’un témoignage d’espérance qu’il est en droit de recevoir des chrétiens (voir 1P 3,15).
La venue du Seigneur impose donc aux chrétiens l’attente de ce qui doit venir et la patience à l’égard de ce dont ils ignorent quand cela adviendra. L’attente de la venue du Seigneur peut dès lors aussi devenir invocation du salut universel, expression d’une foi cosmique qui souffre et espère avec chaque homme et chaque créature.