Panorama, 02 septembre 2013
di Enzo Bianchi
Parler de l’Esprit saint est une entreprise à la limite de l’impossible. Il est le secret de Dieu, dont il provient. Il est sa puissance «extatique», grâce à laquelle Dieu est sorti dans le monde
Commentaire au Credo
« Je crois en l’Esprit Saint,
qui est Seigneur et qui donne la vie ;
il procède du Père et du Fils ;
avec le Père et le Fils,
il reçoit même adoration et même gloire ;
il a parlé par les prophètes. »
Notre méditation du Credo nous conduit à la « troisième personne » de la Trinité, l’Esprit saint. Or celui qui « souffle où il veut » et dont on ne sait « ni d’où il vient ni où il va » (Jn 4,8) est comme l’inconnu de la confession de foi des chrétiens… Il reste profondément entouré de mystère. Mais le quatrième Évangile révèle aussi que, si le monde ne connaît pas le Saint-Esprit, puisqu’il ne peut pas le recevoir, les croyants pourtant le connaissent, « parce qu’il demeure auprès d’eux et qu’il est en eux » (voir Jn 14,17). Comment pouvons-nous alors le connaître?
Parler de l’Esprit saint est une entreprise à la limite de l’impossible. Il est le secret de Dieu, dont il provient. Il est sa puissance « extatique », grâce à laquelle Dieu est sorti dans le monde et a rempli de sa présence la création tout entière Il n’est pas objet de culte, et ne revendique jamais pour lui-même l’adoration ou la prière : il les reçoit pourtant au même titre que le Père et le Fils. Tout son désir est orienté vers le Fils, la Parole faite chair, qu’il remplit de la gloire divine du Père. Oui, il demeure un mystère.
Si les chrétiens ne peuvent donc pas le décrire en lui-même, mais uniquement à travers ses « effets » dans l’histoire du salut et du monde, ils expérimentent toutefois constamment sa présence, car il est « l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs » (Rm 5,5). Que nous en soyons conscients ou non, nous vivons toujours du Saint-Esprit, faute de quoi nous ne serions pas réellement chrétiens, enfants de Dieu. Ineffable, étranger à toute représentation qu’on pourrait se faire de lui, l’Esprit saint agit de façon intérieure, non dans des phénomènes extraordinaires, mais en introduisant l’« extraordinaire » dans notre vie chrétienne quotidienne. Il se manifeste dans l’esprit humain, mais le transcende, le vivifie, le purifie, le sanctifie… Il a ainsi inspiré les prophètes et les autres auteurs bibliques, comme il le fait encore de chaque lecteur qui ouvre les Écritures.
L’Esprit saint n’est pas une force impersonnelle de la nature, ni une vertu immanente à l’homme, mais il est vie donnée, vie authentique. Là où la vie est vraie, et non simple apparence de vie, là est l’Esprit saint. Là où se trouve la liberté parfaite, celle des enfants de Dieu qui ne sont esclaves de rien ni de personne, là se trouve l’Esprit saint. Là où s’ouvre une brèche permettant la communication entre l’humain – le terrestre – et Dieu, voilà l’Esprit saint.
En confessant dans le Credo que l’Esprit saint « est Seigneur et qu’il donne la vie », nous affirmons que sans lui, aucune création n’est possible, que sans lui personne ne pourrait être sauvé. Mais c’est vrai : l’Esprit saint ne demande pas qu’on parle de lui. Il attend au contraire qu’on l’invoque et qu’on le laisse agir efficacement en chacun de nous. « Viens, Saint-Esprit, du ciel fais jaillir l’éclat de ta splendeur ! »