Panorama, 04 avril 2013
di Enzo Bianchi
Certainement, Jésus est venu pour nous sauver, afin que nous devenions Dieu; mais, nous dit Paul, il est aussi venu pour nous enseigner à vivre dans ce monde.
"Commentaire au Credo"
« Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel ;
par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie,
et s’est fait homme. »
Après avoir souligné la divinité du Fils, Jésus Christ, le Credo présente la dimension humaine du Seigneur, qui a choisi de devenir un de nous à travers l’Esprit saint et par la chair de Marie. Mais pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? Cette question trouve sa réponse dans le Credo déjà : c’est « pour nous les hommes, et pour notre salut » que ce miracle s’est produit.
Plus en détail, on peut dire que cette interrogation, qui a souvent résonné au cours de l’histoire chrétienne, a reçu substantiellement deux réponses qui se rejoignent. Dans la tradition orientale, s’est imposée l’expression d’Athanase d’Alexandrie (IVe siècle) : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. » Durant de nombreux siècles cette réponse a paru difficilement recevable en Occident. Les Pères latins, en effet, ont insisté davantage sur l’action de salut réalisée par Dieu à travers Jésus, parvenant à affirmer : « Dieu s’est fait homme pour sauver l’homme ». Il est clair que ces deux réponses se recoupent : la tradition occidentale s’exprime dans les termes du « don du salut » pour l’homme, tandis que la tradition orientale affirme que ce dernier est appelé à « devenir Dieu ».
Mais si l’on approfondit ces deux solutions, je crois que la réponse peut être reformulée d’une autre manière, qui ne s’oppose pas aux deux précédentes : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne véritablement homme ! » N’interprétons pas cette affirmation comme une diminution et ne pensons pas que toute la question se résout à bon marché ! Non, il faut percevoir toute l’épaisseur du fait que Dieu s’est fait homme en Jésus de Nazareth : s’il l’a fait c’est pour nous montrer l’homme authentique, véritablement à son image et à sa ressemblance ; et ainsi nous enseigner à vivre en plénitude.
Le prologue du quatrième Évangile – qui affirme que le Fils unique nous a fait par sa vie le récit de Dieu – souligne aussi cette réalité : « En lui était la vie et cette vie était la lumière des hommes » (Jn 1,4), c’est-à-dire que Jésus a été un vrai vivant et qu’il a pu, comme tel, instruire la vie des hommes. C’est précisément ce qu’explique Paul : à travers la naissance de Jésus « s’est produite l’épiphanie de la bonté de Dieu, pour nous enseigner à vivre dans ce monde » (Tt 2,11-12). N’oublions pas cette affirmation ! Certainement, Jésus est venu pour nous sauver, il est bien sûr venu afin que nous devenions Dieu, comme nous l’apprennent les traditions occidentale et orientale ; mais, nous dit Paul, il est aussi venu pour nous enseigner à vivre dans ce monde, pour nous montrer la vraie vie humaine, vécue comme une œuvre d’art, comme un chef-d’œuvre !
Oui, l’homme Jésus nous a raconté Dieu ; et si nous vivons comme lui-même nous l’a montré par sa vie, nous apprenons à devenir vraiment hommes, à nous aimer en plénitude et à connaître ainsi le Dieu dont Jésus Christ a fait le témoignage.