Il Blog di Enzo Bianchi

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​Fondatore della comunità di Bose

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate

04/05/2013 00:00

ENZO BIANCHI

Riviste 2013,

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate

Panorama

Panorama, 04 mai 2013

 

di Enzo Bianchi
 

 

S’il est un lieu où Jésus a rendu Dieu « bonne nouvelle », c’est bien sur la croix : bonne nouvelle pour nous tous, pécheurs

"Commentaire au Credo"

« Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. »

Avec l’article sur la crucifixion et la mise au tombeau du Christ, le Credo aborde le mystère central de notre foi : Jésus entre dans sa passion, il connaît la mort et la sépulture avant que, le troisième jour, le Père le ressuscite dans la force de vie qu’est le Saint-Esprit.

Mais cet événement de la passion de Jésus était-il dû au hasard, ou à un destin qui incombait à Jésus ? Pourquoi Jésus a-t-il connu la condamnation, la torture et la mort violente? Les évangiles eux-mêmes nous en fournissent la réponse. Jésus, pour manifester à ses disciples qu’il entrait dans la passion en l’assumant comme un acte, et non pas contraint par le destin ou par le hasard des événements défavorables, anticipe à travers les gestes du dernier repas ce qui est sur le point de lui arriver et en révèle ainsi le sens.

En partageant avec les siens le pain rompu et la coupe de l’alliance, il annonce que son corps qui sera brisé et son sang versé d’ici peu sont don de vie, qu’il offre dans la liberté et par amour pour tous. Alors le signe de sa mort imminente devient sacrement d’action de grâces ; c’est l’eucharistie que les chrétiens devront célébrer en mémoire de Jésus, pour être eux aussi impliqués dans ce geste qui est de donner sa vie pour les frères, pour les autres.

Jésus, mourant en croix, subit ce qui était pour les Romains « un supplice très cruel et horrible » (Cicéron) et pour les juifs le signe de la malédiction de l’impie. Jésus meurt dans l’infamie de sa nudité, dans la honte de celui qui est condamné à la fois par le magistère de sa religion et par l’autorité civile. Il meurt comme un excommunié et un maudit.

La croix est donc le signe de cette mort infamante de Jésus ; c’est elle qui fait le récit de sa solidarité avec les pécheurs, de son abaissement jusqu’à la condition de l’esclave humilié. Mais la croix ne doit toutefois pas prévaloir sur le Crucifié ! Ce n’est pas la croix, en effet, qui rend grand celui qui y est pendu, mais c’est précisément Jésus qui rachète et donne sens à la croix, de sorte que tous les hommes qui connaissent cette situation de souffrance et de honte, de malédiction et d’anéantissement puissent trouver Jésus à leur côté. Dans un monde injuste, le juste ne peut qu’être rejeté, persécuté, condamné. C’est une « nécessité humaine » : Jésus – précisément parce qu’il a voulu rester juste, solidaire avec les victimes – a dû lui aussi connaître ce choc de l’injustice du monde contre lui.

Lorsqu’on lit la passion et la mort de Jésus de cette manière, on est amené de les comprendre comme un événement de gloire pour Jésus : la gloire de celui qui a donné sa vie pour les hommes, la gloire de celui qui a aimé jusqu’à la fin, la gloire de celui qui meurt condamné pour avoir cherché à raconter, à travers son existence, que Dieu est miséricorde, qu’il est amour. Oui, s’il est un lieu où Jésus a rendu Dieu « bonne nouvelle », c’est bien sur la croix : bonne nouvelle pour nous tous, pécheurs !